Un 10e album pour le pianiste Charles Richard-Hamelin.

Un 10e album pour Charles Richard-Hamelin, paru le 11 novembre 2022 chez Analekta. À écouter sur toutes les plateformes numériques !
Après avoir enregistré les sonates pour violon et piano de Ludwig van Beethoven, Andrew Wan et Charles Richard-Hamelin poursuivent leur collaboration en interprétant l’intégrale des sonates pour violon et piano de Robert Schumann (1810–1856).

Dans une lettre datée du 1er janvier 1850, le violoniste Ferdinand David écrit à Schumann : « [P]ourquoi n’écris-tu pas quelque chose pour violon et piano? Il manque aujourd’hui de compositions convenables et nouvelles pour cet ensemble, et je ne connais personne qui pourrait faire mieux que toi en cette matière. » Son souhait fut bientôt exaucé : à l’automne 1851, Schumann compose les Sonates pour violon et piano no 1 en la mineur, op. 105, et no 2 en ré mineur, op. 121.

La Sonate no 1, op. 105, est la plus concise des trois. À un premier mouvement à l’expression passionnée, qui débute in medias res, succède un allegretto en fa majeur, dont la tonalité et la légèreté évoquent le mouvement central du Concerto pour piano en la mineur, op. 54. Il comporte deux épisodes contrastants. Le premier, introspectif et contrapuntique, a une coloration et une texture d’inspiration baroque, tandis que le second revêt un caractère quasi martial. Dans le finale, piano et violon se lancent dans un mouvement perpétuel dont ils s’échangent les entrées, en fugato. Après un bref retour du thème du premier mouvement, l’œuvre se termine par une coda explosive et virtuose.

Insatisfait de cette pièce, Schumann entreprit d’écrire une deuxième sonate pour violon et piano à peine un mois et demi après avoir terminé la première. La Sonate no 2 en ré mineur, op. 121, est une œuvre dont l’ampleur n’avait d’égale, à l’époque, que celle de la Sonate no 9, op. 47, dite « à Kreutzer », de Beethoven. Comme celle-ci, la Sonate no 2 débute par une introduction lente. Elle s’ouvre sur quatre accords qui énoncent le thème principal du premier mouvement, construit à partir des notes solfiables du nom de son dédicataire, Ferdinand David : D-A-F (le « v » allemand se prononçant comme un « f »)-D, soit ré-la-fa-ré. Le deuxième mouvement, un scherzo très animé, préfigure la musique de Johannes Brahms, dont Schumann fera la connaissance deux ans plus tard. Au caractère robuste du scherzo succède la délicatesse du troisième mouvement, un chaleureux thème et variations sur un choral de Martin Luther. Dans le nale, on retrouve le rythme syncopé et l’intensité soutenue qui caractérisaient le premier mouvement.

La Sonate no 3 en la mineur, WoO 27, comporte les deux mouvements que Schumann avait composés pour la célèbre sonate « F-A-E » (1853) une œuvre collaborative dont Albert Dietrich avait écrit le premier mouvement ; Johannes Brahms, le scherzo ; et Schumann, l’intermezzo et le nale. La cohésion de cette sonate devait être assurée par la présence, dans chaque mouvement, d’un motif de trois notes (fa-la-mi, en allemand F-A-E) inspiré par la devise de son dédicataire Joseph Joachim : «Frei aber einsam » (« Libre, mais seul »). Quelques semaines seulement après l’achèvement de ce projet, Schumann, qui en était pourtant l’idéateur, décida de composer deux autres mouvements en remplacement de ceux écrits par Brahms et par Dietrich, a n de créer sa troisième sonate pour violon et piano. Le premier mouvement, déclamatoire et un peu capricieux avec ses nombreux et rapides changements de registre au violon, s’ouvre sur une introduction lente pleine de suspens. Après un scherzo au thème exceptionnellement bref, se trouvent les deux mouvements composés pour la sonate « F-A-E ». En dépit de sa tonalité majeure, l’intermezzo, avec son atmosphère calme et résignée, est empreint d’une profonde mélancolie. Le nale, bien que dramatique, n’est pas dépourvu d’humour. Inspiré du caractère de la fugue, il comporte une éblouissante coda dans laquelle des cascades de triples croches mettent en valeur la virtuosité du violoniste.

À propos de Charles Richard-Hamelin
Charles Richard-Hamelin a l’honneur de recevoir le prix Denise-Pelletier dans la catégorie Arts d’interprétation des Prix du Québec 2022. Charles est le plus jeune lauréat de l’histoire des Prix du Québec.

Lauréat de la médaille d’argent et du prix Krystian Zimerman lors du Concours international de piano Frédéric-Chopin à Varsovie en 2015, Charles Richard-Hamelin est reconnu comme un des plus importants pianistes de sa génération. Il s’est aussi fait remarquer à l’échelle internationale en 2014 en recevant le deuxième prix au Concours musical international de Montréal ainsi que le troisième prix du concours Seoul International Music Competition.

Charles Richard-Hamelin a été invité de plusieurs grands festivals tels La Roque d’Anthéron en France, le Festival du Printemps de Prague, le Festival Chopin et son Europe à Varsovie, le Festival de Lanaudière et le Festival George Enescu à Bucarest. En tant que soliste, il a été entendu avec une cinquantaine d’ensembles dont les principaux orchestres symphoniques canadiens ainsi qu’avec l’Orchestre Philharmonique de Varsovie, Sinfonia Varsovia, Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra, l’Orchestre symphonique de Singapour, Korean Symphony Orchestra, OFUNAM (Mexique), les Violons du Roy et I Musici de Montréal.

On doit à Charles Richard-Hamelin dix albums, tous parus sous étiquette Analekta. Cinq de ceux-ci sont consacrés principalement aux œuvres pour piano seul de Frédéric Chopin. Il a aussi enregistré des œuvres concertantes : les deux concertos pour piano de Chopin, avec l’Orchestre symphonique de Montréal, sous la direction de Kent Nagano, et les Concertos pour piano nos 22 et 24 de Mozart, avec les Violons du Roy, sous la direction de Jonathan Cohen. Plusieurs prix Félix (ADISQ) et un JUNO (2022) ont salué la qualité de ces albums, qui ont reçu l’accueil enthousiaste des critiques musicaux à travers le monde.

À propos d’Andrew Wan
Andrew Wan a été nommé violon solo de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) en 2008. À titre de soliste, il a joué sous la direction de chefs tels que Vengerov, Petrenko, Labadie, Rizzi, Oundjian, Stern et DePreist. Il s’est produit en concert avec plusieurs artistes, dont Juilliard String Quartet, Repin, Hamelin, Trifonov, Pressler, Widmann, Ax, Ehnes et Shaham. Des enregistrements avec Seattle Chamber Music Society, Metropolis Ensemble, Charles Richard-Hamelin, Jon Kimura Parker, James Ehnes et le Nouveau Quatuor à cordes Orford ont été en nomination au concours des prix Grammy et gagnants de trophées Juno.

À l’automne 2015, son album des trois concertos pour violon de Saint-Saëns, enregistré en concert avec l’OSM et Kent Nagano, lui a valu un prix Opus, en plus d’avoir été en nomination à l’ADISQ. Paru sous étiquette Analekta en 2020, son album avec Kent Nagano et l’OSM mettant en vedette des œuvres pour violon et orchestre de Ginastera, Moussa et Bernstein a gagné le prix Juno du meilleur album classique avec grand ensemble.

Son enregistrement des sonates pour violon et piano de Beethoven (vol. 2) avec Charles Richard-Hamelin a gagné le prix Juno 2022 pour l’album classique de l’année (petit ensemble) ainsi qu’un prix de l’ADISQ.